Un autre regard

Un autre regard

Le peuple de gauche, 30 ans après…

Un dimanche pas comme les autres…

Le peuple de gauche, 30 ans après…

Par Abdelhak Riki

 

Après une semaine de travail, le week-end est un moment propice pour le repos, le sport, les achats, les sorties en famille… En cette année pluvieuse, mes week-ends, surtout les dimanches se suivent et se ressemblent… le sport le matin, le repas en famille à la maison, une bonne sieste et les matchs de foot le soir… sauf, ce dimanche du 31 mars 2013…

Un dimanche pas comme les autres… une intense activité… des rencontres imprévisibles… des souvenirs tirés du fond de la mémoire… d’hommes et de femmes qui, hier, aujourd’hui et peut-être demain continueront d’écrire une partie de l’histoire de notre pays…

Tous les faits relatés dans cette chronique sont réels…

Le dimanche 31 mars 2013, mon conjoint était en service. Elle travaille dans une société qui diffuse de l’information en continu. Je l’ai accompagné tôt le matin à son boulot… Ne me sentant pas en forme pour la pratique du sport… je me suis vite rencontré sillant le centre-ville de Rabat… et ce n’est pas par pur hasard, mon instinct me guidait vers la rencontre du peuple de gauche…

En effet, en ce jour, il était prévu depuis fort longtemps, une manifestation à l’appel de deux centrales syndicales, la CDT et la FDT, toutes deux issues de l’USFP, le grand parti de gauche d’antan… se démêlant aujourd’hui dans une crise d’identité sans commune mesure…

À cet appel, plusieurs autres partis politiques, organisations et syndicats de gauche ou de l’extrême gauche avaient appelés leurs militants à descendre dans la rue… presque tout le peuple de gauche allait converger des principales villes du Maroc pour crier son opposition au gouvernement… aujourd’hui dirigé par les islamistes du PJD… Une nouveauté…

L’attente était grande pour « peser » la force de ce peuple de gauche, de mesurer sa cohérence et sa convergence ainsi que sa capacité à faire face à cette rampante « islamisation » qui opère aujourd’hui au « cœur » même du système…

J’ai dit que par instinct je me suis trouvé entrain de me balader dans les artères du centre-ville de la capitale du royaume…

Une fine pluie tombait en ce dimanche, ce qui n’était pas propice aux grands rassemblements… mais Rabat était différente en ce dimanche… car les dimanches de cette ville sont légendaires et connus… des artères désertes, peu de voitures, une ville qui dort jusqu’à midi, les étrangers (européens et américains…) qui profitent des cafés déserts… et les catholiques qui remplissent les églises…

Malgré la pluie, ce dimanche à Rabat était différent, des groupes de personnes étaient facilement identifiables avec leurs casquettes jaunes et violettes, leurs banderoles et surtout convergeant vers une même direction… Bab el Had, lieu de rassemblement et de départ de la manif du peuple de gauche… Autre signe distinctif de ce dimanche, la présence des forces de l’ordre…

Comme je n’étais pas concerné par la participation à cette manifestation… je me suis rué vers mon café préféré… interdit aux fumeurs… pour siroter un café et lire les journaux…

Le café, normalement désert les dimanches, était plein… des participants à la manif et des familles entières parlant différents dialectes, du nord , de l’est et du sud… le peuple de gauche semble à première vue avoir mobilisé ses troupes…

Malheureusement, en ce jour le service n’était pas à la hauteur dans le café… pris de court ou mal informé le gérant n’avait pas prévu cette influence dominicale exceptionnelle… J’ai « maudit » la continuation de notre gestion « amateur » des événements… aucune planification ni anticipation ni gestion optimale de l’information… Rabat avait rendez-vous avec le peuple de gauche et le cafetier n’avait pas pris ses dispositions pour profiter et servir convenablement les « invités » de la capitale…

Parmi le flux des consommateurs j’ai pu saluer quelques-uns de mes anciens « camarades » de gauche qui continuaient de croire et de militer pour les idées de gauche… me voyant tôt dans ce café, proche de l’artère principale de la manif, j’ai cru déceler en leurs yeux et sourires, une satisfaction de me trouver là où j’ai toujours été : aux premiers rangs des organisateurs et manifestants de gauche des années 70/80 et 90 du siècle dernier…

Peu à peu, le café redevenait vide et calme, sauf quelques femmes avec leurs bébés et dont les maris gonflaient les rangs des manifestants… moi-même, dès l’approche des premiers manifestants avec leurs slogans… je me suis précipité sans y penser pour contempler le spectacle donné par le peuple de gauche en ce dimanche pas comme les autres…

Et ce fut, un beau jour, avec plein de rencontres inespérées, d’embrassades, d’accolades, de discussions, de partage d’impressions, d’échanges de numéros de téléphone et de promesses de rendez-vous pour continuer les dialogues entamés, les points de vue convergents et divergents… le peuple de gauche fait partie, intégrante, de mon histoire… plus de 20 ans de militance pour les idéaux de liberté, égalité et justice…

Dès que je me suis approché du cortège des manifestations… les premières rencontres et les premières accolades commencèrent… Il eut des dizaines, dont quelques-unes singulières…

La première fut avec, non pas un militant, mais un journaliste… Mohamed C., un ami de longue date, un journaliste talentueux, avec un flair hors pair et une bonne connaissance du background de la gauche, de ses hommes, et de leurs trajectoires…

Journaliste qu’il est, après les premières salutations, débuta une Slave de questions : nombre estimé de participants, présence de tel ou tel leader, le pourquoi de cette manif, pour quels objectifs… Mon ami journaliste était plus informé que moi mais son instinct journalistique le poussait à creuser la question avec moi et avec toutes les autres personnes qu’il allait rencontrer en ce dimanche…

Je ne me suis pas retenu pour déballer mes impressions et mes appréciations… il était difficile pour moi d’évaluer le nombre de participants n’ayant pas encore vu le cortège en entier, mais j’ai pu constater les problèmes de toujours qui rognent les rangs de la gauche, division des rangs, dispute du leadership, mal organisation du cortège du fait qu’en tête de la manif les premiers rangs n’étaient pas laissées aux principaux dirigeants et à la banderole centrale avec le mot d’ordre résumant le concentré de la manif…

Et c’est cette banderole et tête de la manif qui fait la Une des journaux télévisés, des sites internet et des quotidiens… Autre remarque est que le nombre de manifestants se trouvant en dehors du cortège, dans les cafés et les rues avoisinantes était important, chose impossible avec les cortèges des islamistes, tous dans les rangs, bien organisés, un seul mot d’ordre et les mêmes slogans…

S’est ensuivi un bref commentaire sur le moment politique et l’absence de ce petit coup de pouce qui aurait pu grossir les rangs des manifestants… en expliquant au journaliste que devant la crise économique et les mesures d’austérité qui pointent le nez il n’est pas bon de mobiliser la rue… même contre les islamistes… J’ai à peine terminé ma phrase que j’aperçois un autre grand ami de longue date, aujourd’hui membre du bureau politique du principal parti de gauche…

Mohamed B., fut président de l’UNEM lorsque moi-même militait au sein de la mouvance « baasiste-maoïste» et après trotskyste. Nos chemins se sont croisés lorsque j’ai adhéré à ce parti de gauche et nos relations se sont renforcées avec le temps. Après mon départ de ce parti, lui a continué à militer comme aux premiers jours de sa jeunesse. Je l’estime beaucoup Mohamed B., pour ses fortes convictions, son dévouement à son parti et à ses idées de gauche… mais surtout pour sa soif d’apprendre, de lire, d’écrire, de discuter et de dialoguer été comme hiver, dans les moments de gloire comme dans les moments de défaite…Il est devenu l’un des grands spécialistes de l’histoire politique des islamistes, leur doctrine, leur histoire, leurs points forts et faibles… un véritable autodidacte malgré ses prestigieux diplômes universitaires…

Il est aujourd’hui l’un des rouages clés de cet historique parti, mais sans chercher comme toujours le vedettariat… d’ailleurs lorsque je l’ai rencontré il était loin des autres dirigeants qui se précipitaient pour apparaître aux premières loges et se faire photographier… Non, il était dans ce que nous appelons communément en politique et en arts, les coulisses, là où beaucoup de choses se font, se défont et se décident… ce fut une belle rencontre, une grande accolade surtout que mon ami est au fait de mes critiques acerbes envers quelques nouveaux dirigeants du parti qui nuisent par leurs actes et inexpérience à l’image du parti… J’ai été touché par son amabilité et ses pensées pour ma famille… Nous nous sommes promis de nous revoir…  

Quelle fut ma surprise de me retrouver, ensuite, nez à nez avec les frères Mohamed et Habib H., d’anciens camarades de l’organisation trotskyste marocaine – aile lambertiste-. Une rencontre chargée de fortes accolades et de sentiments de fraternité quoique nos chemins se sont séparés depuis fort longtemps chacun vaquant à sa vie, ses problèmes et ses nouvelles affinités politiques et sociales… en un laps de temps court, c’est toute l’histoire de cette organisation politique secrète et méconnu qui a resurgi devant nous… avec une différence de taille… nous avions 20/30 ans de moins…  « Harimna fi hadihi lahda attarikhiya » comme avait si bien dit le citoyen Tunisien lors du printemps arabe, en passant sa main sur sa tête, diffusé par la chaine Al Jazeera et repris par tous les sites internet et dans tous les pays arabes…

La rencontre fut brève mais chargée d’émotions… échanges de nouveaux numéros de téléphones… et promesses de refaire le monde… en bavardant autour d’un bon ver de thé…

Passèrent devant moi, des militants de la CDT. Je n’ai pu m’empêcher de demander aux uns et aux autres si leur leader historique Mohamed Noubir El Amaoui s’était déplacé à Rabat… J’ai un désir de le croiser, de le saluer et de lui demander entre nous « al moussamaha » !! Je crois que c’est l’âge et l’approche du moment fatidique qui me pousse à demander « le pardon » à tous ceux que j’ai croisés dans ma vie et avec lesquels j’ai eu des altercations parfois violentes sur des questions politiques, jamais personnelles ou matérielles…

C’est en ce moment précis que j’ai remarqué la présence de l’un des fidèles lieutenants de Noubir El Amaoui et proche parent… Il ne m’a pas reconnu dans l’instant mais dès que j’ai prononcé mon nom de famille, facile à retenir, il s’est fendu en moi avec une accolade fraternelle… j’ai saisi l’occasion pour m’enquérir sur la santé fragile du grand leader syndicaliste, plusieurs fois incarcéré, et dont la notoriété continue d’alimenter l’imaginaire du peuple de gauche… j’ai insisté auprès de ce pur et dur syndicaliste de la CDT de saluer de ma part Si El Amaoui…

La journée allait me réserver d’autres agréables et intenses rencontres…Je me suis mis à sillonner l’avenue Mohammed V du siège du Parlement vers l’ancienne médina « Souika », lorsque j’ai aperçu devant Bank Al Maghreb, une de mes meilleures camarades, elle était debout sur la balustrade des policiers de circulation avec d’autres photographes et caméramans… Oui c’était elle, tenant un appareil photo et un caméscope, concentré, professionnelle, ne voulant rater aucune occasion pour immortaliser l’événement pour  l’instant et pour l’histoire…

C’est Souad G., très connue et appréciée dans le milieu de la gauche radicale, la gauche de la gauche… J’avais eu la chance de la côtoyer de près dans les années 80 du siècle dernier… Je garde d’elle l’image d’une femme profondément convaincue du chemin qu’elle s’est choisie, de la justesse de ses idées et de ses convictions, je ne peux que lui tirer mon chapeau pour saluer en elle la femme qui n’a pas hésité à délaisser sa « situation sociale » confortable, de vivre comme beaucoup en France à Paris, d’avoir une belle carrière après ses brillantes études… elle a choisi de se séparer de sa classe sociale et de défendre les prolétaires, les pauvres, les jeunes, les exclus… Une véritable égérie de la gauche radicale marocaine… Une femme qu’on ne rencontre que dans les livres ou dans l’histoire du mouvement social européen du dix-neuvième siècle…

Je me suis approché d’elle pour la saluer… elle était tellement occupée et concentré avec son travail que je n’ai eu que des bribes de mots… en français… « Une minute… après »… J’ai su qu’elle ne m’avait pas reconnu avec ma barbe et ma casquette… j’ai attendu le moment propice… Dès qu’elle a eu un moment de répit, je lui ai lancé, un « c’est moi…»…

S’ensuivi un bref moment de croisement de regard et de forte émotion suivi d’une accolade… elle m’a dit qu’elle s’intéressait à mes articles… je lui ai dit que je suivais son activité photographique et documentaire… mais, pareille à elle-même, elle me parlait en continuant son travail d’écrire l’histoire sociale marocaine par le son et l’image… je l’ai saluée en hésitant à lui dire tout haut… « Tu es dans mon cœur comme au premier jour et tu le resteras pour toujours » même si nos chemins et nos convictions politiques, philosophiques, et humains se divergent…

J’ai continué ma descente dans l’avenue regardant devant moi défiler les leaders politiques et syndicaux, les journalistes et les reporters faisant leur travail, les militants de la FDT, les délégations des différentes villes et différents secteurs, des banderoles colorées et des revendications diverses, un groupe de jeunes du 20 février par ci, les amis d’Amine Abdelhamid de l’UMT défilant dans la manif, les jeunes-chômeurs, les femmes, des familles…

Je n’ai pas hésité à prendre des photos et de les envoyer à la mode de notre époque actuelle par tweeter et Facebook  d’ailleurs, dans l’instant même, j’ai eu un appel d’un ami d’une ville du nord connecté à sa page de Facebook  me demandant si j’étais parmi les participants à cette manifestation du peuple de gauche… je lui ai répondu que non et que je n’étais que simple spectateur qui s’est transformé en un laps de temps en journaliste reporter…J’ai aussi envoyé par tweet mes premières impressions sur le déroulement de la manif… avec cette conclusion qu’à part l’impact médiatique, l’impact réel de cette sortie du peuple de gauche serait moindre…

Vers 13 h je me suis rappelé que j’avais rendez-vous avec ma femme – mon épouse et compagnon de route dans les moments de joie et de souffrance depuis plus de vingt ans – pour aller faire des achats au marché… je l’ai attendu à sa sortie de travail et je lui ai raconté toutes mes belles et émotives rencontres. On a échangé quelques impressions du fait qu’elle aussi connaît les personnages cités…

Je ne fus pas à mes dernières rencontres de ce dimanche pas comme les autres… En faisant mes emplettes de légumes et fruits, j’entends quelqu’un m’épeler et finalement m’appeler par mon nom… je ne l’ai pas reconnu et je ne pouvais le faire… car nos chemins se sont séparés depuis fort longtemps… c’était le jeune Ouahib,  frère d’une amie et voisine de quartier… en un laps de temps et loin de la manif du centre-ville et en plein marché du quartier « océan » on s’est remémorer la belle époque des années 70… du siècle dernier…

Le lycée Moulay Youssef, l’engagement politique, mon ami Réda K., une éminence politique et un mathématicien hors pair, mais surtout nos grands amis palestiniens l’un membre du FPLP, mort en martyr en Palestine et l’autre du FDLP qui s’est fait une vie dans un pays du Golf… sans oublier le plat préféré qu’ils nous préparaient, la « maklouba » contenant des couches successives de riz, poulet ou viande, aubergines et autres légumes…

Mais ce que ne savait pas Ouahib, jeune en cette époque, c’est que moi-même et mon ami Réda K., étions sur le point de partir, dans les camps d’entrainement du FPLP, au Liban… C’était une autre époque et nous étions jeunes, à peine vingt ans…Mais Dieu le Tout-puissant, en a décidé autrement…

J’ai insisté auprès de Ouahib de nous rencontrer et de ramener avec lui les photos qu’il garde toujours de cette belle époque, quarante ans en arrière… pour que je puisse les scanner et les garder pour toujours…

Dieu m’est témoin, ainsi que mon épouse, qu’elle ne fut notre grande surprise de croiser sur notre chemin de retour en voiture du marché à notre maison au quartier Hassan, mon ancien et grand ami Réda K., marchand le long de la rue, la même démarche de toujours, concentré et pensif à l’accoutumée… j’ai levé ma main pour le saluer mais je n’ai pu attirer son attention…

Je te souhaite le meilleur en cette vie et au-delà mon cher ami Réda.

Les faits relatés et les personnages décrits dans ce récit sont réels et véridiques, ce qui est mien c’est ma « subjectivité», mes sentiments et mon « appréciation » du moment présent et du passé.

J’ai aussi tenu à relater les bons côtés de mes ami(e)s et connaissances, sachant pertinemment que nous avons tous, sans exception, nos défauts, nos faiblesses, nos erreurs et des souffrances laissées ici ou là.

Nous sommes une société qui ne valorise pas ses hommes et ses femmes. Nous avons plus tendance à parler des défauts que des qualités, dans nos maisons, dans nos lieux de travail, dans les cafés, dans les partis, syndicats et associations… Nous dévalorisons nos propres enfants, nos épouses, nos collègues et nos ami(e)s. Il est temps de nous estimer les uns les autres malgré nos défauts et nos divergences…

Il est temps de construire un « Panthéon » marocain pour nos hommes de gauche, de droite, les libéraux, les islamistes, les résistants, les politiques, les intellectuels… Ce qu’ils furent et bâtirent façonnent le Maroc qui nous a fait et nous permet d’aller en avant…

Pour revenir au peuple de gauche, dans cette phase de monter des islamistes, il me semble que le chemin de reconquête des « têtes », des « cœurs » et de la « rue » est dur et pénible… je ne peux m’empêcher de rassasier les belles paroles de cette belle chanson d’antan:

La femme qui est dans mon lit/ N'a plus 20 ans depuis longtemps/ Les yeux cernés/ Par les années/ Par les amours/ Au jour le jour/ La bouche usée/ Par les baisers/ Trop souvent, mais/ Trop mal donnés/ Le teint blafard/ Malgré le fard/ Plus pâle qu'une/ Tâche de lune….
La femme qui est dans mon lit/ N'a plus 20 ans depuis longtemps/ Les seins si lourds/ De trop d'amour/ Ne portent pas/ Le nom d'appas/ Le corps lassé/ Trop caressé/ Trop souvent, mais/ Trop mal aimé/ Le dos vouté/ Semble porter/ Des souvenirs/ Qu'elle a dû fuir…
La femme qui est dans mon lit/ N'a plus 20 ans depuis longtemps/ Ne riez pas/ N'y touchez pas/ Gardez vos larmes/ Et vos sarcasmes/ Lorsque la nuit/ Nous réunit/ Son corps, ses mains/ S'offrent aux miens/ Et c'est son cœur/ Couvert de pleurs/ Et de blessures/ Qui me rassure…

 

Ce dimanche du 31 mars 2013 à Rabat, ne fut pas comme les autres…

Abdelhak Riki

Cadre de Banque

Rabat, le 02 avril 2013




03/04/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres